Depuis quelques années et notamment depuis la hausse du coût de l’énergie et plus particulièrement de l’électricité, le poêle à bois a le vent en poupe !
Vous vous y intéressez ou votre client souhaite opter pour ce mode de chauffage. Mais vous vous interrogez sur ses avantages et inconvénients et souhaitez le conseiller au mieux. Notamment, un questionnement légitime revient fréquemment : sera-t-il suffisant pour un confort thermique homogène dans toutes les pièces de sa maison ?
Qu’est le confort thermique ?
Le confort thermique est une sensation de température environnante, un ressenti, qui est propre à chacun. Cependant, on peut définir différents paramètres qui influent sur celui-ci.
La température de confort communément acceptée en hiver se situe autour de 19 à 20°C dans les pièces de vie et autour de 16 à 17°C dans les chambres, à l’exception de celles qui, en journée, servent aussi de pièces de vie, de jeu ou d’étude. Mais, tout en incluant ainsi les niveaux d’habillement et d’activité, la température ressentie dépend de nombreux facteurs. Si les parois sont froides, la température ressentie sera bien plus faible que la température ambiante réelle.
D’où la nécessité d’isoler correctement la maison pour avoir des parois chaudes (murs, plafonds, sols) et ne pas avoir les pieds en contact avec un plancher froid ! De la même façon, un taux d’humidité convenable (entre 40 et 65% d’humidité relative) et l’absence de courants d’air contribuent grandement à la sensation de bien-être. Il faut donc traiter l’étanchéité à l’air de la maison et installer une ventilation mécanique performante.
Le mode de chauffage du poêle à bois
Dans le cas d’un poêle à bois simple, à bûches ou à granulés, la chaleur est transmise principalement par convection, en plus du rayonnement à proximité. L’air autour du poêle est réchauffé : il devient moins dense et s’élève. Un mouvement d’air se crée, ce qui permet de transmettre la chaleur aux occupants. Une stratification de l’air a lieu en parallèle : les couches d’air chaud sont proches du plafond et les couches plus fraîches restent au niveau du sol.
La chaleur est aussi partiellement transmise par rayonnement, c’est-à-dire par le biais d’ ondes électromagnétiques (infrarouges), comme celles que nous envoie le soleil.
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Les typologies de maisons concernées
Les maisons qui peuvent être facilement chauffées avec un poêle à bois seul, sont les habitations, énergétiquement performantes et relativement compactes. Si l’on se base sur les préconisations de la RT 2012 par exemple, la superficie maximale recommandée est de 100 m2. On peut très bien envisager de chauffer de cette manière une maison de plain-pied ou une maison avec un étage. La température ne sera toutefois pas identique dans tout l’habitat : 2 à 3 °C d’écart sont le plus souvent observés entre la pièce contenant le poêle et les pièces les plus éloignées.
Cela conviendra sans problème à la plupart des occupants, d’autant que les besoins des chambres sont moindres. Cependant, un ménage qui souhaiterait absolument avoir une température homogène dans toute son habitation pourrait ne pas être satisfait de cette proposition technique. Il sera toutefois facile de le rassurer avec des radiateurs efficaces, dans certaines pièces.
En raison de la stratification évoquée précédemment, le poêle n’est pas non plus recommandé pour les maisons avec une grande hauteur sous plafond (à partir de 3 m).
La régulation et l’utilisation de la maison
L’expérience montre que la chaleur se diffuse très bien par les portes ouvertes, beaucoup moins bien lorsque celles-ci sont fermées. Le chauffage d’une maison par un poêle à bois seul nécessite d’adapter son utilisation de la maison : il faut prendre l’habitude d’ouvrir les portes de toutes les pièces à chauffer.
Emplacement du poêle à bois
Dans le cas d’une maison de plain-pied
La position conseillée du poêle à bois dépend de la technologie choisie. Dans le cas d’un poêle bûches ou granulés à convection naturelle, il est conseillé de placer le poêle en position plutôt centrale dans la pièce de vie.
On peut augmenter le transfert de chaleur du poêle à bois par rayonnement en le plaçant près d’un mur de refend par exemple. L’inertie thermique de cet élément permettra de stocker partiellement puis de restituer doucement la chaleur.
Dans le cas d’un poêle à granulés avec une soufflerie, on peut placer le poêle dans la pièce de vie contre un mur périphérique et orienter le flux d’air vers le couloir.
Maison à étage
Dans le cas d’une maison à étage avec une trémie d’escalier ouverte, il faut installer le poêle à bois au rez-de-chaussée, dans la pièce de vie et le positionner de manière à permettre la diffusion de chaleur par la cage d’escalier.
Pour autant, il ne faut pas le placer directement sous la trémie d’escalier, sous peine de voir toute la chaleur « s’envoler » à l’étage.
Si l’escalier est fermé ou si des éléments structuraux (poutres notamment) agissent comme des pièges à chaleur, il faut envisager un système de diffusion de la chaleur complémentaire.
Les pièges à chaleur
L’image ci-contre, prise à l’aide d’une caméra thermique, permet d’illustrer un phénomène intéressant. Dans la maison récemment rénovée de Léana M., la famille déplorait des difficultés à chauffer l’étage supérieur...
Les mesures ont montré que la couche d’air chaud (ici entre 28 et 35°C) était maintenue au rez-de-chaussée par un ensemble de retombées de poutres autour de la trémie d’escalier. Il est important lors de la conception de tenir compte de ce paramètre.
Si l’on ne peut pas s’affranchir des obstacles (les poutres sont rarement là seulement pour décorer !), on pourra envisager un système de transfert d’air : par exemple, une trappe au niveau du plancher du premier étage.
Solutions d’appoint et compléments
Lors de la conception, on peut difficilement être certain que les pièces les plus éloignées du poêle à bois recevront assez de chaleur au goût de leurs occupants. Il peut alors être judicieux de prévoir des alimentations électriques pour de futurs radiateurs. Après un hiver dans la maison, il sera alors possible de décider si la maison est confortable telle qu’elle est, ou si l’on veut ajouter ces appoints de chauffage. L’installation de ces radiateurs peut également être envisagée dès le début des travaux si la maison est plus grande ou dispose de volumes un peu biscornus.
Témoignage de Léana à qui l’on a demandé si sa maison est confortable depuis l’installation d’un poêle à bois
« Pour moi, elle l’est mais ce mode de chauffage ne conviendrait pas à tout le monde. Il y a un réel enjeu à anticiper l’évolution de la vie du bâtiment et les attentes de chacun. Moi je ne suis pas frileuse, mais il est important d’anticiper les attentes des autres usagers : mon conjoint, un bébé… »
Les appoints seront de véritables atouts dans des périodes où l’utilisation du poêle à bois s’avère trop contraignante.
« J’ai un poêle à bûches et quelques radiateurs électriques (un dans le salon, un dans la chambre parentale et un dans la chambre de ma fille).
Je pensais utiliser uniquement le poêle à bois, mais finalement toute la famille n’a pas les mêmes attentes en termes de confort. On se sert aussi beaucoup des radiateurs. Mon conjoint n’aime pas descendre le matin et qu’il fasse froid dans le salon. Et parfois on n’a pas envie d’aller chercher les bûches. Quand je suis rentrée de la maternité, j’étais contente de pouvoir allumer les radiateurs électriques ! »
Il est préférable également de prévoir des radiateurs type sèche-serviettes, ou mieux type rayonnant à infrarouge très efficace et à sensation de chaleur quasi immédiate, dans les salles de bain où les besoins en chauffage sont très ponctuels mais importants en termes de confort.
Le rôle de la VMC double flux lors de l’utilisation d’un poêle à bois
La ventilation double flux est un réel atout dans une maison chauffée par un poêle à bois. Grâce à son échangeur thermique, elle transfère en grande partie la température de l’air ambiant extrait vers l’air neuf insufflé et déplace ainsi les calories entre les différentes pièces. De l’air neuf, filtré, tempéré et même partiellement réchauffé par le poêle est ainsi insufflé dans les chambres notamment.
Si ce couple poêle-VMC Double Flux est apprécié par ceux qui l’ont expérimenté chez eux, il ne semble toutefois pas y avoir eu d’étude technique ni de réelle campagne de mesure de température sur cette complémentarité des systèmes.
Les gaines semi rigides classiques supportent une température de 50°C, au-delà il existe un risque de dégradation du plastique (PEHD) . On peut donc envisager de mettre une bouche d’extraction au-dessus d’un poêle à bois.
Selon les contraintes du logement, on cherchera de toutes façons à situer le poêle dans un flux de balayage de l’air neuf entre une bouche d’insufflation et une bouche d’aspiration assez proche
La société MyDatec propose même une ventilation double flux avec une prise d’air au dessus du poêle à bois directement reliée à la centrale (ne passant pas par les caissons de répartition).
Pour les cas plus exigeants, des solutions complémentaires de répartition de la chaleur sont proposées dans le paragraphe suivant.
Quelques solutions de répartition de la chaleur
Le transfert d’air
L’installation de grille (ou trappe), dite de transfert, dans les cloisons ou planchers intermédiaires permet le déplacement de l’air rechauffé vers d’autres espaces du logement.
Un petit ventilateur peut être envisagé pour faciliter le transfert de chaleur.
Les répartiteurs de chaleur
Il existe des répartiteurs de chaleur chez différents industriels. Ces répartiteurs peuvent être installés en parallèle d’une ventilation car ils déplacent seulement l’air intérieur. On veillera pour autant à ne pas perturber le balayage d’air de la ventilation.
La société Poujoulat, par exemple, propose un système de récupération de la chaleur des fumées couplée à une bouche de puisage qui récupère l’air chaud autour du poêle : AIRWOOD CONFORT +
Poujoulat propose également le système Alliance.
C’est un récupérateur de chaleur installé sur le conduit d’évacuation des fumées, qui permet de réchauffer l’air insufflé par une ventilation double flux (compatible avec toutes les ventilations double flux).
Ce système permet un gain de 2 à 6°C par pièce.
Selon le fabricant, compte tenu des pertes de charge du réseau de distribution incluant cet échangeur, ce système permet de réchauffer l'air de 4 bouches d’insufflation au maximum et ne sera donc pas non plus adapté à de très grandes maisons.
Dans le cas d’une rénovation performante d’une maison assez compacte, le chauffage par un poêle à bois seul est une solution parfaitement acceptable par la plupart des ménages. C’est une solution peu chère, aussi bien au niveau de l’installation que de la consommation d’énergie.
Et c’est aussi l’une des solutions les plus vertueuses en termes d’environnement !
Coupler ce poêle à bois avec une installation judicieuse de ventilation double-flux ne peut qu’améliorer le mode de chauffage et le confort ressenti dans toute la maison.
